United Artists / DR

Anna Magnani

Diva di Roma

Du mardi 30 janvier au mardi 2 avril

« J’ai compris que je n'étais pas née actrice. J'avais seulement décidé de le devenir au berceau, entre une larme de trop et une caresse de moins. Toute ma vie, j'ai crié à cause de cette larme, j'ai supplié pour cette caresse. » Cette douleur et ce manque accompagnent Anna Magnani (1908 -1973) depuis l’enfance. Sa mère l’a abandonnée et confiée à ses grands-parents, elle ne connaîtra l’identité de son père que bien plus tard. Elle transformera ce trauma fondateur en exubérante soif de jouer et de vivre.

Dans sa carrière, il y a un avant et un après Rome, ville ouverte (1945). Jusque-là, la comédienne a écumé les scènes italiennes, imposant son abattage, son naturel et son franc-parler. Elle débute au cinéma dans des seconds rôles, qui, peu à peu, sa présence aidant, gagnent en importance. Mais c’est le film de Roberto Rossellini qui la consacre tragédienne du peuple, faisant d’elle une mamma courage, symbole du sacrifice des épouses et mères italiennes. Dès lors, le succès ne se dément pas : elle devient la diva romaine, entière dans ses rôles – et entière dans sa vie, péripéties amoureuses comprises, comme en témoigne sa liaison orageuse avec Rossellini.


Cheveux de jais, qu’elle décoiffe d’un geste de lassitude ou de colère, verbe haut et liberté de parole totale, elle impose sa vérité de femme tour à tour jalouse, séductrice, blessée ou sûre d’elle (ou tout à la fois) pour les plus grands : Luchino Visconti (Bellissima, 1951), Jean Renoir (Le Carrosse d’or, 1952), Pier Paolo Pasolini (Mamma Roma, 1962), Federico Fellini (Fellini Roma, 1972). Entre-temps, elle a conquis l’Amérique, devenant la première actrice de langue natale non anglaise à remporter l’Oscar, pour La Rose tatouée, d’après Tennessee Williams (Daniel Mann, 1955).

Remerciements à Les Acacias, Bac Films, Les Films du Camélia, Carlotta Films, Gaumont, Park Circus, Studiocanal, Tamasa, Viggo Distribuzione



LES FILMS DE LA RÉTROSPECTIVE


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Mademoiselle Vendredi

de Vittorio De Sica

(Teresa Venerdì, Italie, 1941, 1h32, N&B)

Une jeune orpheline (Adriana Benetti) bouleverse la vie d’un pédiatre (Vittorio de Sica) noceur et désargenté… Une comédie romantique sophistiquée, typique du cinéma des « téléphones blancs » de l’Italie des années 30 et 40. Les seconds rôles comiques font mouche : Anna Magnani en meneuse de revue, Virgilio Riento en domestique gaffeur. Délicieux.


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Rome, ville ouverte

de Roberto Rossellini

(Roma città aperta, Italie, 1945, 1h43, N&B)

Don Pietro (Aldo Fabrizi), curé romain, cache des résistants, dont un imprimeur sur le point d’épouser une jeune veuve du quartier, Pina (Anna Magnani). Mais la Gestapo veille… Le chef-d’œuvre de Rossellini sur la résistance romaine qui fit de Magnani une star. Tourné aux lendemain de la fin de la guerre, un film important dans l’histoire du cinéma et une inspiration capitale pour les cinéastes de la Nouvelle Vague.



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Au diable la misère

de Gennaro Righelli

(Abbasso la miseria!, Italie, 1945, 1h30, N&B)

Dans l’Italie affamée de l’après-guerre, les déboires d’un couple sans histoire entraîné par son voisin dans le marché noir… Instantané comique d’un pays en ruines, grand succès de l’époque. Magnani y fait – déjà ! - une irrésistible matrone volubile, qui pousse la chansonnette et cache un grand cœur sous son mauvais caractère.


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Devant lui tremblait tout Rome

de Carmine Gallone

(Avanti a lui tremava tutta Roma, 1946, 1h55, N&B)

Ada et Marco, deux chanteurs d'opéra très amoureux l’un de l’autre, font partie de la résistance pendant l’occupation allemande. La jalousie d’Anna, persuadée que son amant la trompe, aura bientôt des conséquences dramatiques… Curieux film opéra, inspiré de la Tosca de Puccini, un mélodrame sur fond de Seconde Guerre mondiale.



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Au diable la richesse

de Gennaro Righelli

(Abbasso la ricchezza!, Italie, 1946, 1h33, N&B)

Ex-marchande de fruits enrichie par le marché noir, donna Gioconda (Anna Magnani) pénètre ce qu’elle croit être la haute société romaine… Crise du logement, trafics divers, cette suite officieuse est un nouvel instantané de l’après-guerre italienne. Mais la comédie se teinte d’amertume et offre à l’actrice devenue star une partition plus large.


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L'Honorable Angelina

de Luigi Zampa

(L'onorevole Angelina, Italie, 1947, 1h32, N&B)

Dans le bidonville de Pietralata, au nord-est de Rome, Angelina (Anna Magnani) devient la pasionaria des pauvres du quartier, obtenant eau courante, ligne de bus, etc. Jusqu’à devenir députée ?… Brillante fable d’un cinéaste trop sous-estimé, sur l’action collective et la versatilité du peuple. Géniale Magnani, de tous les plans ou presque.



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Assunta Spina

de Mario Mattoli

(Italie, 1948, 1h20, N&B)

Assunta, une jolie roturière Napolitaine passionnée, est blessée sévèrement au visage lors d’une crise de jalousie par son amant Michele qui se retrouve en prison… Adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Salvatore Di Giacomo. Le récit tragique d’une relation tourmentée, sublimé par l’interprétation vibrante d’Anna Magnani.


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Amore

de Roberto Rossellini

(L'amore, Italie, 1948, 1h18, N&B)

Une femme éplorée, au téléphone avec l’amant qui l’a quittée ; une paysanne simple d’esprit qui croit rencontrer Saint Joseph… Deux segments conçus pour Anna Magnani : La Voix humaine de Cocteau magnifie le visage de l’actrice, tandis que la seconde histoire (écrite et jouée par Fellini) sanctifie l’expérience amoureuse. Une immense comédienne en majesté.



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Vulcano

de William Dieterle

(Italie, 1950, 1h42, N&B)

Contrainte par la Police, Maddalena, ancienne prostituée revient sur son île natale, Vulcano, après 18 ans d'absence. Elle y retrouve sa jeune sœur Maria, mais aussi la population de l'île qui ne voit pas d’un très bon œil son retour… En réponse au Stromboli de Rossellini qui l’a évincé au profit de sa nouvelle compagne Ingrid Bergman. Un film puissant, un rôle taillé sur mesure pour La Magnani.


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Bellissima

de Luchino Visconti

(Italie, 1951, 1h55, N&B)

Passionnée de cinéma, Maddalena (Anna Magnani) a inscrit sa petite fille à une audition pour un film. Pour réussir, elle est prête à tout… Visconti règle ses comptes avec le milieu du cinéma et offre un festival Magnani, l’actrice passant du rire aux larmes et faisant de son personnage, d’un aparté ou d’un sourire en coin, une commentatrice ironique de l’action. Magistral.



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Le Carrosse d'or

de Jean Renoir

(France, Italie, 1952, 1h43, coul.)

Le vice-roi du Pérou a reçu un magnifique et coûteux carrosse d’or. Promis à la Marquise, l’équipage pourrait aller à la séduisante Camilla, vedette d’une troupe de commedia dell’arte… Sur des musiques de Vivaldi, Renoir offre une méditation joyeuse et poétique sur l’art et la vie, portée par l’énergie, le charme et l’ironie d’Anna Magnani. Un enchantement.


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Nous, les femmes : Anna Magnani

de Luchino Visconti

(Siamo donne : Anna Magnani, 1953, 22min, N&B)

En route pour un récital de chant, Anna Magnani se dispute avec le chauffeur du taxi, qui prétend lui faire payer un supplément pour son chien… Segment du film collectif Nous, les femmes dans lequel quatre grandes actrices évoquent un fait qui les a marquées. Anna Magnani dans toute sa splendeur par le grand maître Visconti !



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La Rose tatouée

de Daniel Mann

(The Rose Tattoo, États-Unis, 1955, 1h57, N&B)

En Floride, dans une communauté d’émigrés italiens, Serafina veille sur la vertu de sa fille (Marisa Pavan) tout en pleurant son veuvage. Surgit alors Alvaro (Burt Lancaster)… Tonitruants débuts hollywoodiens de la star italienne dans un rôle écrit sur mesure par Tennessee Williams où s’expriment à merveille son sens inné du drame, son humour. Un Oscar à la clé.


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L'Enfer dans la ville

de Renato Castellani

(Nella citta' l'inferno, Italie, 1958, 1h36, N&B)

Dans une prison romaine, Lina (Giulietta Masina), incarcérée à tort, devient la protégée d’une prostituée, Egle (Anna Magnani)… Savoureuse tragi-comédie d’apprentissage qui vaut pour la rencontre des deux actrices et pour une galerie de portraits hauts en couleur. Avec Alberto Sordi dans un second rôle spectaculaire.



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L'Homme à la peau de serpent

de Sidney Lumet

(The Fugitive Kind, États-Unis, 1960, 2h01, N&B)

Un séduisant vagabond (Marlon Brando) débarque dans une petite ville du Mississippi. Il suscite le désir de plusieurs femmes, dont l’épicière (Anna Magnani) qui l’emploie… Lumet dirige avec brio la rencontre de deux monstres sacrés, cocktail spectaculaire de frustration, de violence et d’amour.


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Larmes de joie

de Mario Monicelli

(Risate di gioia, Italie, 1960, 1h46, N&B)

La nuit de la Saint-Sylvestre, les déambulations dans Rome de deux acteurs de seconde zone (Anna Magnani et Totò) et d’un pickpocket (Ben Gazzara)… Monicelli adapte des nouvelles de Moravia, permettant à Totò et Magnani, complices des cabarets d’avant-guerre, de s’en donner à cœur joie.



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Mamma Roma

de Pier Paolo Pasolini

(Italie, 1962, 1h46, N&B)

Prostituée des environs de Rome, « Mamma Roma » (Anna Magnani) devient vendeuse au marché pour parfaire l’éducation de son fils, Ettore, qui ne sait rien du métier de sa mère… Poésie des terrains vagues et récit d’initiation tragi-comique : pour son deuxième film, Pasolini confronte aux non-professionnels une star qui trouve un rôle à sa mesure.


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Le Magot de Josefa

de Claude Autant-Lara

(France, Italie, Suisse, 1963, 1h30, N&B)

Tout le monde soupçonne Josefa (Anna Magnani), qui tient le café-épicerie d’un petit village français, de cacher une grande fortune. Son fils imagine une combine pour lui extorquer de l’argent… Unique prestation de l’actrice en français dans un pittoresque récit où Pierre Brasseur, tonitruant, et Bourvil, attachant, lui donnent brillamment la réplique.



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Le Secret de Santa Vittoria

de Stanley Kramer

(The Secret of Santa Vittoria, États-Unis, 1969, 2h19, coul.)

Dans le village italien de Santa Vittoria, les Allemands succèdent aux fascistes. Désigné maire, Italo (Anthony Quinn) décide de cacher à l’occupant le vin qui fait la richesse du bourg… Une production en langue anglaise qui fait l’éloge avec truculence et émotion d’un acte singulier de résistance. Avec Anna Magnani en épouse autoritaire du héros.