Wong Kar-wai

Made in Hong Kong

Du mardi 30 janvier au dimanche 31 mars

Des images d’une beauté à couper le souffle, une mise en scène puissamment stylisée, des personnages souvent solitaires et en mal d’amour : le surgissement du cinéma de Wong Kar-wai (Prix Lumière 2017), au tournant du XXIe siècle, a fait l’effet d’une divine surprise, révélant un auteur au romantisme exacerbé. Né en 1958, à Shanghai, le futur cinéaste est encore un enfant quand sa famille émigre à Hong Kong. Son cinéma en sera toujours double : il est, comme dans Chungking express (1994), le sismographe de la modernité fragile de la péninsule, alors promise à la rétrocession à la Chine, une métropole hyperactive que saisit la caméra tourbillonnante du génial chef opérateur Christopher Doyle ; mais il est aussi, comme dans son chef d’œuvre, In the mood for love (2000), le portraitiste élégiaque d’une Chine perdue ou rêvée, paradis de luxe et de sophistication. À toutes les époques, ses personnages se croisent et se ratent comme dans un somptueux ballet amoureux, toujours à contretemps. Les bandes originales soigneusement choisies contribuent à l’immersion du spectateur dans des univers sophistiqués : mambo de Xavier Cugat (Nos années sauvages), Nat King Cole en espagnol (In the mood for love) ou encore la rengaine California dreamin’ (Chungking Express), etc. Elles font de ses films des expériences inoubliables.

Remerciements à ARP, The Jokers Films, Paradis Films, Tamasa, Wild Bunch


Découvrez le dossier que Positif a consacré au cinéaste dans le numéro 410 d’avril 1995, 442 de décembre 1997 et 524 de nombre 2004 en vente lors de la conférence du 21 février.


LES FILMS DE LA RÉTROSPECTIVE


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As Tears Go By

(Wong Gok ka moon, 1988, 1h42, Int -12 ans)

Le gangster Wah (Andy Lau) veille tant bien que mal sur son « petit frère », Fly (Jacky Cheung), qui ne respecte aucun des codes de la pègre. Au cœur de ce désordre surgit sa jolie cousine (Maggie Cheung)… Premier film à 29 ans pour Wong Kar wai, décalque assumé du Mean Streets de Scorsese, où se croisent déjà flamboyance visuelle et romantisme effréné. Un polar de Hong Kong à nul autre pareil.


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Nos années sauvages

(Ah fei jing juen, 1990, 1h40)

Hong Kong, années 60 : après avoir séduit la jeune Su Li–zhen (Maggie Cheung), l’arrogant playboy Yuddy (Leslie Cheung) se met en quête de sa mère qui vit aux Philippines… Wong Kar-wai puise dans ses souvenirs (et ceux de son décorateur William Chang, co-créateur du style WKW) pour un somptueux poème élégiaque magnifié par la beauté de ses interprètes – Andy Lau et Tony Leung complètent le casting.



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Chungking Express

(Chung Hing sam lam, 1994, 1h42)

Double histoire dans le labyrinthe fourmillant d’un quartier de Hong Kong : un jeune policier croise une mystérieuse trafiquante tandis qu’une jolie serveuse s’incruste dans la vie d’un flic solitaire… Pour beaucoup, la révélation Wong Kar-wai est passée par la découverte de ces deux histoires d’amour malheureuses, kaléidoscope d’images au charme entêtant. Tony Leung et Faye Wong y sont irrésistibles.


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Les Anges déchus

(Do lok tin si, 1995, 1h36)

Hong Kong, la nuit : un tueur reçoit ses ordres d’une femme qui l’aime secrètement, tandis qu’un squatteur muet rencontre son premier amour… Versant nocturne du film précédent, filmé au grand angle pour montrer la distance entre les êtres, ronde amoureuse nocturne à la fois sensuelle et désespérée. Et aussi, pour le cinéaste, un adieu à Hong Kong en train de se transformer.



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Les Cendres du temps

(Dung che sai duk, 1994, 1h33)

Ayant préféré les arts martiaux à la femme qui l’aimait, Feng (Leslie Cheung) rumine sa solitude. Jusqu’à sa rencontre avec Yaoshi (Tony Leung Ka-Fai)… Casting de rêve (l’autre Tony Leung, Maggie Cheung, Brigitte Lin, etc.) pour le premier « wu xia pan » (film de sabre) du cinéaste, à l’intrigue elliptique, centrée sur des personnages tourmentés, d’une beauté à couper le souffle.


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Happy Together

(Chun gwong cha sit, 1997, 1h36)

Deux hommes, Lai Yiu-fai (Tony Leung) et Ho Po-wing (Leslie Cheung) ont quitté Hong Kong pour Buenos Aires. Ils s’aiment et se déchirent, le premier reprochant au second ses infidélités… Malgré l’Argentine, le tango d’Astor Piazzolla, le bar Sur et les chutes d’Iguazu, c’est toujours la mélancolie poisseuse de hongkongais solitaires que le cinéaste capte à nouveau avec virtuosité. Prix de la mise en scène au Festival de Cannes.



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In the Mood for Love

(Fa yeung nin wah, 2000, 1h38)

Hong Kong, années 60 : M. Chow (Tony Leung) et Mme Chan (Maggie Cheung) sont voisins. La découverte que leurs conjoints respectifs ont des aventures les rapproche… Le sommet de la beauté façon Wong Kar-wai : Maggie Cheung dans ses robes cintrées, l’élégance de Tony Leung, une B.O ultra romantique pour dire par petites touches le frôlement d’un amour réfréné. Majestueux et magistral.


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2046

(2004, 2h08)

Un écrivain peine sur un roman de science-fiction se déroulant en 2046. Séducteur triste, il ne peut oublier un grand amour perdu… La suite de In the mood for Love offre à Wong Kar-wai l’occasion d’un feu d’artifice visuel pour décrire la mélancolie poisseuse du dandy Tony Leung. Avec Gong Li, Faye Wong, des images et une bande-son à tomber !



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The Hand

(2004, 56min)

Hong Kong, 1963. Le jeune Xiao Zhang (Chang Chen) est envoyé chez la courtisane Miss Hua (Gong Li). Elle éveille sa sensualité. Il devient son tailleur attitré… À l'époque conçue pour le film à sketches Éros, cosigné par Antonioni et Soderbergh, et aujourd’hui rallongé, une magnifique histoire d’amour tragique, filmée avec classicisme et sophistication, comme un théâtre de chambre.


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My Blueberry Nights

(2007, 1h35)

Après une rupture amoureuse, Elizabeth (Norah Jones) traîne sa tristesse dans le bar de Jeremy (Jude Law). Elle entame un voyage à travers l’Amérique… La « Wong Kar-wai touch », effets de caméra et couleurs envoûtantes, exportée sur le continent américain. Une comédie romantique bourrée de charme, avec Nathalie Portman, Rachel Weisz et la chanteuse Cat Power.



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The Grandmaster

(Yi dai zong shi, 2013, 2h03)

La vie et l’œuvre d’Ip man (Tony Leung), maître des arts martiaux et futur mentor de Bruce Lee, dans le chaos de la Chine de la première moitié du XXe siècle… Tournage à rallonge, narration éclatée, combats spectaculaires et oniriques comme celui, chargé d’un sous-texte érotique, qui oppose le héros à la belle Zhang Ziyi. Superbe.